Pourquoi les chutes de piétons dans l’espace public ne sont-elles pas répertoriées dans les statistiques d’accidents de la route qui informent les politiques de sécurité routière ?
Le risque de chute s’accroît avec l’âge car la force, l’équilibre et les capacités de réaction des personnes âgées sont moins affutées que celles des personnes plus jeunes. Les chutes ne sont pas seulement plus fréquentes chez les seniors, elles sont souvent aussi plus lourdes de conséquences…
Nous nous concentrons ici sur les chutes qui ont lieu dans l’espace public et posons la question : pourquoi ces chutes ne sont-elles pas comptabilisées dans les statistiques d’accidents de la circulation ? En effet, dans ces statistiques, seuls les accidents de piéton·nes victimes d’une collision avec un·e autre usager·ère de la route (conduisant un véhicule) sont comptabilisés. Donc si on se blesse en glissant sur une plaque de verglas, l’événement sera comptabilisé en tant que « chute » et ne sera pas pris en compte dans les statistiques de sécurité routière. En revanche, pour une voiture qui glisse sur une plaque de verglas et finit dans le décor, on fait figurer l’événement dans les statistiques d’accidents de la circulation. Pourquoi cette différence de traitement ? Parce que la définition d’un accident de la circulation implique la présence d’au moins un véhicule ou d’un engin assimilé comme tel. Une définition dont la marche à pied est d’emblée exclue…
« Single accident » : en anglais on parle de single accident pour faire référence aux accidents qui n’impliquent qu’un seul usager de la route ou de l’espace public. Dans cet article, on s’intéresse donc à la différence de traitement entre les « single accidents » de piétons et ceux des automobilistes, cyclistes ou motards.
Dans tout ceci, il faut surtout se demander : qu’implique cette différence de traitement ? Selon le chercheur néerlandais Rob Methorst, en classifiant ces accidents comme « chutes » et non comme « accidents de la circulation », on les sort du domaine de la sécurité routière et de la recherche sur la mobilité. Bien sûr, si les chutes de piétons figuraient aux côtés des chiffres des collisions, cela pourrait donner l’impression que la marche à pied est un exercice particulièrement dangereux, auquel il est plus sage de renoncer pour de bon (ce qui, évidemment, n’est pas la conclusion à laquelle je souhaite arriver ici). Mais peut-être qu’on s’intéresserait aussi davantage aux causes de ces accidents, que l’on réfléchirait plus à la sécurité des cheminements piétons et aux obstacles à éliminer pour réduire les chutes… peut-être même qu’on déneigerait les trottoirs avec la même diligence que les routes ?
Pour en savoir plus :